mardi, décembre 21, 2010

D'un procédé rhétorique de discours polyvalent

Il s'agit de l'interview - ce matin - de J-M Le Guen sur France-inter, député socialiste de Paris, à propos du scandale du Mediator.
Le Mediator est un médicament qui vient d'être interdit après plusieurs années d'une belle carrière de prescriptions médicales, et peut-être plus d'un millier de morts subséquents.
Il y a donc eu dysfonctionnements dans les institutions d'État en charge de la protection sanitaire.
Ce dont notre député socialiste a tout à fait conscience.
 Il proclame qu'il faudra prendre des mesures qu'il qualifie à plusieurs reprises - la formule a donc été soupesée - d'"assez radicales".
C'est un oxymore : par nature le radicalisme ne supporte pas les déterminations relativisantes.
Donc les mesures assez radicales n'existeront pas.
Par contre l'oreille des auditeurs pourra y trouver son compte.
Le peuple - tous ces gens qui croyaient pouvoir faire confiance dans le service public de santé -  trouveront dans l'adjectif "radical" une réponse à leur espoir que le ménage sera fait, que les coupables de conflits d'intérêt seront mis hors d'état de nuire, que justice sera faite, bref, que le problème institutionnel que met à jour ce drame sera pris à bras-le-corps et résolu.
Mais tout autant, les dirigeants de laboratoires pharmaceutiques, mais aussi tous les professionnels de santé qui profitent peu ou prou des bénéfices engrangés par leurs lucratives activités, sont rassurés par le déterminant "assez" de la formule "assez radicales". Cela se passera entre gens de bonne compagnie ; ces mesures pourront se discuter ; et comme du côté des laboratoires on a de bons moyens pour être convaincant ...
Comme quoi une formule vide de sens peut devenir pleine de valeur communicationnelle.
Il suffit qu'elle donne en pâture les mots désirés.
Or aujourd'hui, face à la multiplication des problèmes sociaux engendrés par la gestion sarkozyste, on désire du pouvoir alternatif potentiel - du PS - les mots qui apportent les solutions.
Hé bien, ce matin, avec J-M Le Guen, chacun les a trouvés, le peuple comme les professionnels de la médication.
Et devinez qui va se retrouver trompé ?