jeudi, février 11, 2010

Le fait divers fait-il diversion ?

Je veux parler des phénomènes de négligences ou de négation du lien social : là on oublie une gosse de 3 ans dans un bus, ailleurs on agresse ou on tue pour un regard mal interprété, etc. De tels événements, étonnants car ils ne se rapportent pas aux causes classiques des problèmes sociaux, parsèment le fil de nos actualités. Ils touchent très souvent les jeunes, à la fois comme agents et comme victimes.
C'est particulièrement significatif concernant l'institution éducative : maintenant on blesse, on tue régulièrement dans les établissements scolaires. Or, c'est inédit, car les établissements scolaires, dans le passé – excepté les exigences de dénonciation des enfants juifs par la hiérarchie de l'Instruction Publique quelques années de l'Occupation – ont toujours été saufs de la violence présente dans la société. C'était considéré comme un devoir de l'institution républicaine de faire en sorte que tout le monde sache se respecter à l'intérieur des murs de l'établissement.
Or tous ces faits de brisures inopinées des liens sociaux, qui se répètent et s'enchaînent, indépendamment des conflits sociaux dûment répertoriés, ne produisent rien d'autre dans la conscience collective qu'un chapelet de faits divers, comme si le spectacle de l'étonnement suffisait.
On ne voit pas , reprises publiquement, des études – qui existent certainement – sur l'ampleur du phénomène, sa mise en perspective historique, les paramètres qui sont en jeu, etc.
Notre question est donc:
Combien de temps, combien de malheurs, de vie brisées, de traumatismes insurmontables, faudra-t-il encore, pour qu'on se demande de quel problème social ces phénomènes de violence (parce qu'il s'agit toujours en fin de compte de violences) sont-ils le symptômes ? Pour que notre société réfléchisse sur son fonctionnement ?
Pour mémoire, j'ai fait quelques hypothèses, il y a quelques années, alors que le phénomène n'avait pas encore l'ampleur actuelle.