samedi, août 26, 2006

Marseille : la loi du thonier

Foin de faux-fuyant, de justifications juridiques vaseuses, il faut le reconnaître, face au Rainbow-Warrior II, à Marseille, c'est le thonier qui a fait la loi.
Loi qui interdit l'expression sur un problème d'intérêt public crucial lorsque celui-ci peut remettre en cause la réalisation fort lucrative d'un intérêt particulier.

Car il y a un problème scientifiquement avéré de surexploitation du thon rouge de Méditerranée
















Bravo le thonier ! Il est fort : quelques mâles vociférations et l'État s'est couché.

Il a montré ce que vaut l'État de nos jours.

Il a montré ce qu'absence de courage politique veut dire.

Il a montré ce que valent toutes les rotomontades du Ministre de l'Intérieur sur les valeurs de la République.

"Pas de vagues surtout, il y a des élections qui approchent" se dit le politique qui se croit habile. Mais c'est en contenant les vagues qu'on prépare les raz-de-marée !

Ce n'est pas de mauvaises lois dont notre République se meurt, pas plus que d'une Constitution inadaptée. C'est plus profond : c'est de croyance en sa propre valeur – res publica = chose publique.

Qui a du courage pour la chose publique ?

C'est la première question à se poser pour les prochaines élections.

dimanche, août 20, 2006

Schizophrénie sportive

Se développe un impressionnant phénomène de schizophrénie collective concernant la perception du sport.
D'une part il est clair que le sport de haut niveau est largement tributaire du dopage.
D'autre part pour préserver le sens de la compétition sportive qui motive l'adhésion populaire, on fait comme si les sportifs s'affrontaient sur la base de leurs qualités intrinsèques, et en particulier leur mérite.
Or de cette double conscience contradictoire on ne peut sortir dans le cadre de l'esprit du temps.

Les pratiques de dopage sont inévitables dans une société du divertissement où le spectacle de la compétition sportive détourne – divertit est le mot juste (du latin di-vertere = se tourner ailleurs)– de l'impuissance dans la compétition réelle de chacun, dans une société qui, sans en avoir l'air, s'est bien verrouillée.
Cet investissement délirant sur certain événements sportifs exige l'exacerbation de la compétition et le surenchérissement dans la performance.
L'attention à la dimension qualitative du geste sportif s'estompe pour la seule considération de la dimension quantitative de la performance.
Et le seul moyen pour être quantitativement encore plus performant lorsque le corps rencontre ses limites, c'est la dope.
Mais par ailleurs dans une époque où les substances à fonction psychotrope et physiotrope se diversifient et se rendent disponibles à tout un chacun – rencontrant les désirs valorisés socialement – il n'est pas possible d'éviter que se développe une morale de la préservation de la condition naturelle de l'individu, surtout si celui-ci, comme vedette sportive, a pris le rôle de modèle social.
Il faut donc débusquer le dopage.
Mais, on l'a vu, il faut nier le dopage pour que le spectacle divertisse.

Hommage tout particulier ici aux journalistes sportifs qui ont l'héroïque fonction, au long de leurs reportages passionnés, de dire ce qu'ils ne pensent pas, et de faire comme s'ils ne pensaient pas ce qu'ils pensent.

jeudi, août 17, 2006

Dérivertissement ...

Dérivertissement... ce néologisme a déjà quelques années. Je le proposais naguère pour exprimer "la lente mais sûre dérive de notre civilisation vers la suprématie du divertissement".
Hier je cherchais une bibliothèque – vous savez, un meuble pour ranger et rendre aisément accessibles des livres. J'avais fait la même démarche d'achat il y a 10 ans.
Résultat : l'offre s'est considérablement réduite.
La bibliothèque n'est plus, mais alors plus du tout, un marché porteur.
Car soit il se vend beaucoup moins de livres – mais les nombres de parutions et les chiffres des éditeurs ne sont pas si mauvais que ça ; soit les livres achetés ne sont pas gardés.
C'est plutôt du côté de cette dernière hypothèse qu'il faut regarder : on cherche dans l'écrit de l'information ou du divertissement, et donc les livres prennent une utilité conjoncturelle. Ensuite ils sont dévalués : on n'a que faire qu'ils aient une place dans le salon.
Un livre qui se garde dans une bibliothèque est un livre qui, considère-t-on, peut toujours donner à penser. Car le temps de la pensée n'est pas le temps fermé de la conjoncture, c'est un temps ouvert.
Donc exit les bibliothèques, place aux larges écrans plats.
E viva el derivertissamento !

Donc si vous avez une piste, je cherche une bibliothèque de style simple, plutôt en bois massif, pour occuper un mur de 2,50 m x 2,50 m.

mercredi, août 16, 2006

Le monde comme il va

Il y a 10 ans ... vous vous rappelez ? Vivre sans internet, et sans mobile, et sans photo numérique ...
Il fallait se regarder dans la rue, discuter à la caisse du supermarché, etc ... pour avoir son lot d'humanité. Incontournable.

Remarquez je ne boude pas mon plaisir : me publier par internet sans passer par les conditions des éditeurs.

Ne jamais oublier que ces nouveaux modes de faire circuler les idées sont un progrès abolu ! Le rêve de tel intellectuel passionné du Haut Moyen-Âge transportant en plusieurs mois à dos de mulet les traités d'Aristote de l'Orient vers l'Occident à travers les innombrables périls de contrées forestières, peu peuplées, en proie aux invasions barbares et aux bandes armées.

Vraiment le problème n'est pas dans les possibilités techniques, il est dans l'idée de leur usage qu'on parvient à imposer. Tout, dans l'air du temps, alimenté en dernier ressort par les marchands, conduit à un usage veule de ces médias – allez vous renseigner sur ce que signifie l'adjectif "veule" et appréciez l'opportunité de son emploi!

Cher(es) compagnes/ons de l'aventure humaine :
Vers quel monde pourrait-on aller si les blogs étaient investis par cette passion de comprendre qu'avaient nos intellectuels-marcheurs du Haut Moyen-Âge ?

Pidji

mardi, août 15, 2006

Mon premier pas

Mon premier pas sur la planète blog.
C'est un lieu d'impulsions communicationnelles.
Je voudrais simplement, en ce qui me concerne, d'un point de vue anti-somnambulique, que ce ne soit pas simplement un lieu de réactions,mais plutôt un lieu de stimulation ... à l'action.
Car une chose est de réagir , c'est-à-dire d'avoir un comportement déterminé par ce qui nous touche, autre chose est d'agir, c'est-à-dire d'avoir un comportement qui s'appuie sur une opportunité pour exprimer un nouvel aspect de ce que nous sommes.
Oui, je m'appuie ici sur la pensée de Spinoza, développée par Deleuze.
A +
Pidji